Dimanche 6 février, la marche d’ouverture du Forum Social Mondial a rassemblé autour de 30 000 personnes à travers les grandes avenues de Dakar reliant le centre ville à l’université du Cheikh Anta Diop. Dans un tel contexte de crise de civilisation et à l’heure où des peuples se soulèvent contre des régimes dictatoriaux comme la Tunisie ou l’Egypte, cette manifestation ne pouvait que prendre la tournure d’une certaine gravité mais aussi d’une grande dignité et détermination.

En tête de cortège, se trouvaient des femmes qui étaient venues là pour dire à quel point elles jouaient un rôle important dans le bon fonctionnement des sociétés africaines. Cette manifestation bruissait de revendications très concrètes telles que la lutte contre l’accaparement des terre et l’appui à l’agriculture familiale. La lutte pour la reconnaissance des migrants était très présente. Comment se reposer devant cet énorme scandale de l’accaparement des richesses du sud, quand dans un même temps les pays industrialisés du nord hissent un mur afin de confiner des populations entières dans l’indignité et la pauvreté ! Il y avait aussi la lutte qu’il faut renforcer contre la corruption et des multinationales qui s’appuient sur les paradis fiscaux dans la spoliation des peuples du monde et de leurs richesses. Etaient également présentes toutes les luttes des minorités qui revendiquent leurs droits, au Sahara Occidental, le long du fleuve Sénégal et en Casamance.

Le plus émouvant était sans doute de voir au milieu du cortège tous ces militants venus à Dakar au moyen de caravanes à travers le Bénin, le Togo, le Burkina-Faso ou le Mali pour se faire les porte-paroles des luttes dans leurs pays contre la vie chère, contre la culture des OGM et pour la défense des droits humains.

A l’arrivée de la manifestation, une grande tribune avait été érigée au cœur de l’Université , non loin de la corniche donnant sur l’océan. Plusieurs orateurs se sont succédés tel Taoufik Ben Abdallah (Secrétariat du Forum Social Africain) ou le représentant du Brésil envoyé par la nouvelle Présidente Dilma Roussef.

Evo Morales Chef d’Etat bolivien a vraiment marqué les esprits en portant un message à la fois empreint d’humilité et porteur d’une certaine force pour dépasser le contexte de crise de civilisation qui frappe l’ensemble du monde. Il a porté un message d’une grande clarté en montrant que les peuples devaient se donner la capacité de se réapproprier les richesses. Il a donné l’exemple de son pays qui en quelques années a pu accroître considérablement ses réserves financières par la taxation des industries extractives. Il s’est particulièrement indigné sur le sort qui est réservé aux migrants qui doivent affronter des systèmes de plus en plus répressifs dans les pays riches, alors qu’il ne font que rechercher des conditions de vie un peu plus dignes.

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