Tunis : La question des migrants au Forum Social Mondial

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A partir de cette barque, la longue liste des migrants morts en méditerranée
Image d’archives - GB - FSM 2013 Tunis

Durant le Forum Social Mondial de Tunis, le Forum des Associations des Luttes Démocratiques de l’Immigration (FALDI) organisait toute une série de séminaires et d’ateliers autour de la question des migrations. Parmi les éléments forts, on peut relever cette présence importante des mères des disparus en Méditerranée pour dénoncer la cruauté d’un système qui obligent les migrants à prendre des risques pour leur vie.

Il a été aussi question de poursuivre le travail amorcé à Dakar qui est celui de promouvoir le passeport de citoyenneté universelle. La politique de sous traitance engagée par les Etats de l’Union européenne de transférer la gestion des politiques de flux migratoires par les entreprises ou les autres Etats a trouvé son illustration avec les Sans Papiers de la Caravane qui n’ont pu participer au Forum. Arrivée à Tunis ils n’ont pu débarquer pour la simple raison que l’armateur aurait refusé de les ré-embarquer à la fin du forum pour ne pas payer la forte amende qu’impose la législation européenne.

Des migrants morts ou disparus en traversant la Méditerranée

Une mère d’un enfant disparu brandit une pancarte de photos d’embarcations de migrants pour interpeler les participants lors de la marche d’ouverture du Forum Social Mondial de Tunis ici place du 14 janvier 2011

En février 2013 plus de 150 mères ou familles tunisiennes d’enfants disparus ont lancé un appel pour attirer l’attention sur leur situation de détresse. Elles sont sans nouvelles de leurs enfants et demandent à ce que les autorités des deux rives de la Méditerranée coopèrent pour les aider à retrouver leur trace.

Alors que des moyens démesurés sont consacrés à bloquer les migrants de traverser la mer Méditerranée, le collectif dénonce le mépris des pays européens qui accordent difficilement des visas aux familles qui cherchent à savoir ce que sont devenus leurs enfants. Il en est de même lorsqu’il s’agit d’obtenir le retour des corps des enfants décédés. Elles réclament aussi la mise en place d’une commission d’enquête pour déterminer les conditions exactes de la mort de leur proche.

 Pour en savoir plus sur l’appel traduit en plusieurs langue et mis en ligne par l’association italienne leventicinqueundici

Pour un passeport de citoyenneté internationale

Les débats ont largement montrer que l’Union européenne et les Etats membres se sont mis d’accord sur l’exclusion des migrants et leur criminalisation. Le plus grand scandale de ce monde mondialisé et bien celui de fixer les personnes dans la misère dans les Etats d’origine ou règne le chômage et la pauvreté ou expatriée en situation de non droits sans papier, à la merci de tous les systèmes d’exploitation (passeurs, travail clandestin, ...).

Dans ce contexte, les promoteurs de ce passeport de citoyenneté considèrent que l’Union européenne viole le principe que la planète est un patrimoine commun et s’inscrit dans une logique d’atteinte à la dignité humaine et de discriminations. Nul ne choisit ni le lieu, ni l’environnement de sa naissance. L’urgence est de construire un vivre ensemble et une lutte contre les inégalités qui concerne l’ensemble de la société.
Le passeport affirme plusieurs principes sur la citoyenneté tel que la liberté de circulation et d’installation, le droit d’asile... Pour en savoir plus sur le Passeport Universelle voir article précédemment publié sur ce site

La caravane des sans papiers refoulée de Tunisie

Sissoko Anzouman et Mamadou Camara qui sont des sans papiers régularisés et membres de la Caravane sont revenus à Tunis en avion pour expliquer leur combat en faveur de la liberté de circulation en Méditerranée : Ils interviennent ici au Forum Social Mondial dans le cadre du séminaire organisé par le FALDI

Le 26 mars la caravane est arrivée au Port de la Goulette près de Tunis. Un jour auparavant, une cinquantaine de personnes, dont 14 sans-papiers avaient embarqué à Gênes pour participer au Forum Social Mondial. Cette caravane était initiée par la coalition européenne des sans-papiers. Les gouvernements français, italiens et tunisiens, tout comme l’agence européenne Frontex étaient informés de cette initiative. Le gouvernement tunisien n’a pas posé de difficultés à accueillir la caravane.

En arrivant à Tunis, l’armateur a informé les sans papiers qu’ils ne pouvaient les ramener à la fin du Forum Social Mondial pour ne pas avoir à payer l’amende prévu par la législation européenne et qu’ils ne devaient pas franchir l’enceinte portuaire et devaient ré-embarquer immédiatement vers l’Italie.

L’ensemble des membres de la caravane ont donc décidé de repartir vers l’Italie. Si à l’arrivée, les membres de la caravane ont été arrêtés par la police italienne, tous ont pu regagner la France assez rapidement.

Sissoko Anzouman, un des porte-parle de la Caravane et ancien sans papiers a repris l’avion pour Tunis dés son retour en France. Lors d’une intervention au FSM, Il a estimé que les autorités du Forum Social Mondial auraient du faire d’avantage pour faire pression sur les autorités tunisiennes, pour que celles-ci fassent pression sur l’Italie et la France, et que ces derniers dégagent l’armateur de toute responsabilité.

Cet exemple a mis la lumière sur les inégalités qui règnent dans les relations entre les deux rives de la Méditerranée avec les pays du nord qui dictent leur politique aux pays du sud en matière de gestion des flux migratoires. Le communiqué du Forum Social Mondial publié à la suite de cet incident fait notamment référence à la nécessité qu’un moratoire soit mis en œuvre sur les négociations entre l’Union Européenne et la Tunisie concernant les accords migratoires. Il faudrait attendre que la Tunisie soit dotée d’institutions permanentes et qu’elle ratifie les conventions internationales relatives aux droits des migrants.

 Pour en savoir plus sur le Faldi et sa participation au Forum

Forum Social Mondial

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