Lire à Limoges : Rencontre avec Sayouba Traoré

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Dans le cadre de "Lire à Limoges" dont le salon se tenait du 28 au 30 mars 2008 au Champ de Juillet, la Maison des Droits de l’Homme était présente à travers un stand pour faire un travail de sensibilisation du public sur les enjeux de la solidarité internationale.

Sayouba Traoré, écrivain Burkinabé et journaliste à RFI a été invité pour nous apporter sa réflexion sur l’Afrique. Après avoir fait des études d’histoire diplomatique et de relations internationales à Paris, Sayouba Traoré est devenu prisonnier dehors après le coup d’Etat de Blaise Compaoré en 1987. Il sera ouvrier, enseignant puis journaliste. Son combat pour la justice, il le mène à travers son métier de journaliste de presse écrite, aussi comme poète et nouvelliste.

Sayouba Traoré sur le stand de la Maison des Droits de l’Homme à "Lire à Limoges"

Question : Qu’est ce qui vous a poussé à prendre la plume ?

Sayouba Traoré : J’avais quelque chose à dire. Il fallait que j’explique comment fonctionne ma société aux autres et parce que je pense aussi qu’il y a des gens qui ont trop tendance à parler en notre nom et à notre place

Q : Pourquoi avoir privilégié le roman ?

S.T. : Dans le roman on peut beaucoup mieux expliquer les choses. L’essai n’est qu’une photographie et ne permet pas de parler d’homme à homme. Avec le roman on parle au lecteur en exprimant des choses humaines, des sentiments.

Q : Que pensez-vous du Burkina Faso d’aujourd’hui ?

S.T. : C’est un pays qui a beaucoup changé et la mondialisation a détruit notre société. Les valeurs sociales se sont beaucoup délitées. Il y a des valeurs culturelles et morales à reconquérir : J’entends celles qui devraient nous permettre de mieux vivre ensemble. La quête essentielle que nous avons aujourd’hui est celle de lutter pour les droits de l’Homme. Mais pour défendre les droits de l’Homme, il faut aussi se mobiliser contre l’impunité de certains de nos dirigeants. Un peuple qui ne peut choisir ses dirigeants est aussi un peuple qui ne peut pas choisir son destin.

Q : Comment voyez-vous le rôle de la société civile pour faire changer les choses ?

S.T. : Une éventuelle évolution ne peut passer que par la société civile. C’est elle qui prend en compte les besoins de la population. Ce sont aussi ces structures qui sont accessibles aux populations.

Q : D’après vous, où en sommes nous du colonialisme ?

S.T. : Si le colonialisme étatique n’est plus, le colonialisme sous d’autres formes demeure. Comme écrivain je souffre de la persistance du vocabulaire et des discours coloniaux : En Afrique on va en « brousse » et en Europe on se rend à la « campagne ». C’est le colonialisme qui a forgé l’image de l’ « homme noir » et lui a dédié une certaine place.

Q : Que pensez-vous de l’Aide Publique au Développement qui vient des pays riches ?

S.T. : Je souhaiterais que l’on arrête de nous aider comme on nous a aidés. Cette forme d’aide nous a principalement enfoncés. Si on ne peut pas orienter cette aide sur des bases plus juste il faut l’arrêter. Qui a t’on véritablement aidé dans cette histoire ?

Q : Quel rôle doit jouer la solidarité internationale ?

S.T. : Il faut que les citoyens puissent trouver le moyen de dialoguer en dehors des structures étatiques qui ont montré leur limite. Ce n’est ni le FMI ni l’OMC qui peuvent répondre aux attentes des gens. Il faut organiser des échanges et le dialogue entre les cultures.

Q : Que pensez-vous du rôle des migrants ?

S.T. : Il est très important. Au Guidimaka en Mauritanie, 90% des infrastructures ont été financées par les migrants et c’est aussi valable pour l’ensemble des pays de la région du fleuve tels que la Mauritanie, le Mali ou le Sénégal.

BIBILIOGRAPHIE

Aux éditions Vents d’ailleurs :
Les moustaches du chat, 2007.
Dernières nouvelles du colonialisme, recueil de nouvelles, collectif, 2006.
Loin de mon village, c’est la brousse, Vents d’ailleurs, 2005.
Dernières nouvelles de la Françafrique, Vents d’ailleurs, 2003.
Sayouba Traoré est l’auteur de la nouvelle « Le Symbole », publié dans ce recueil abordant la question des relations complexes entre la France et les pays africains. Voir le site www.ventsdailleurs.com

Chez d’autres éditeurs :
Un député va mourir, Komedit, 2004. Le Passé postérieur, Sépia, 1993.
Burkinabè, humeurs et rumeurs, Corps puce, 1993.

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