Samedi 17 janvier 2009, une importante réunion s’est tenue à Paris entre différents acteurs français du mouvement altermondialiste à l’Espace Niemeyer place du Colonel Fabien. Il s’agissait, à quelques jours du Forum Social Mondial de Belem (Brésil), de faire le point sur les évolutions du mouvement altermondialiste depuis 10 ans et d’approfondir la réflexion pour relever les défis actuels qui sont posés dans une période de bouleversements mondiaux importants. Cette rencontre avait été initiée notamment par Attac, l’Espace Karl Marx, la Fondation Copernic, les revues Mouvements, Politis et Transform.

Il y a dix ans, le mouvement altermondialiste s’est construit sur la recomposition de mouvements qui refusaient de voir l’ultra-libéralisme comme le seul système possible pour l’humanité. L’ensemble des participants a convenu du caractère global de la crise, de la faillite du capitalisme et elle a enfoncé un coin dans l’unité de ceux qui chantaient l’ode de la pensée unique. Cependant, force est de constater, que les altermondialistes ne sont pas parvenus jusqu’alors, à créer un consensus international susceptible de changements radicaux.

Les derniers forums sociaux mondiaux ou européens ont montré une certaine limite avec l’idée que l’on ne peut plus se contenter de proclamer qu’un autre monde est possible. Pierre Khalfa (de Solidaires) a évoqué le caractère hétérogène du mouvement altermondialiste qui en cherchant le consensus pose la difficulté d’être confronté à son éclatement. Au delà du partage des expériences et des luttes, il devient urgent d’élaborer des stratégies plus efficientes pour le changement voulu.

La rencontre, sur ce point à montrer des divergences d’analyses sur les causes de la crise et sur les réponses à apporter :
Thomas Coutrot (économiste du Conseil Scientifique d’Attac) on ne peut plus se satisfaire de l’axe "Capital - Travail" comme pierre angulaire des luttes, aujourd’hui il y a d’autres contradictions entre développement économique et enjeux environnementaux ainsi que les rapports entre Etat et Société qui soulève la question de la démocratie participative.
Henri Weber (du Parti Socialiste) a estimé qu’il ne fallait pas se trop se réjouir de la crise actuelle dans sa faculté à remettre en cause le système. Car celui-ci recèle d’énormes ressources pour rebondir et que l’altermondialisme doit gagner la bataille de l’interpellation et de la proposition.
Bernard Cassen ( de "Mémoire des luttes") a souligné l’extrême hétérogénéité du mouvement altermondialiste et que d’après lui, on est au stade d’un post-altermondialiste qui doit soutenir plus ouvertement des gouvernements qui mênent des luttes clairement en rupture avec le néo-libéralisme en citant la Bolivie, l’Equateur ou le Vénézuela.
Gustave Massiah (Attac et CEDETIM) a parlé de trois évolutions possibles dans la crise actuelle : Le libéralisme se conforte par des régimes autoritaires et de guerres, l’évolution réformatrice du système qui serait accompagnée et renforcée par les mouvements sociaux, un objectif plus radical qui est le dépassement du capitalisme rendant dominant les revendications des mouvements sociaux (droits humains, redistribution, l’écologie, le rééquilibrage Nord-Sud, démocratie participative...).

A Belém, le Forum Social Mondial continuera à être un espace d’échanges, de mutualisation entre les mouvements sociaux et de médiatisation des alternatives. La nouveauté sera constituée par la préoccupation plus directe de vouloir élaborer des stratégies collectives de changement. La journée du 31 janvier y sera entièrement dédiée. Plus que par le passé, la volonté s’affirme de construire des alliances avec l’idée d’un dialogue renforcé entre la société civile et le monde des scientifiques ou celui de travailler plus étroitement avec les autorités locales et les mouvements politiques.