Cayenne : Un petit avant goût du Forum Social Mondial de Belem

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Jeudi 22 janvier, au coeur du quartier de squats dans les "Hauts de Remire", près de Cayenne (Guyane) se tenait une rencontre coorganisée par la CIMADE et RESF sur la problématique des migrants en Guyane. Danielle Mitterrand accompagnée d’une délégation de France Liberté et de divers ONG en route pour le Forum Social Mondial de Bélem ont aussi participé à cette rencontre.

Stéphane Garnier, président de la CIMADE en Guyane est longuement intervenu pour parler du contexte particulier des migrants dans ce département d’Outre-Mer. La Guyane constitue une mosaïque exceptionnelle de peuples avec différentes vagues successives : esclaves noirs importés d’Afrique, bagnards ou plus récement les vagues d’immigrations successives d’Haïtiens, de Monghs, de Chinois, de Surinamiens, de Brésiliens... Ce département de 211000 habitants (sources INSEE) comporte notament 89000 étrangers en situation régulière et 40000 étrangers qui seraient en situatuation irrégulière (source Préfecture de Cayenne). Parmi ces derniers cas on compte 5000 à 8000 clandestins qui interviennent dans le sud de la Guyane sur des sites d’orpaillage illégaux. Dans cette région, la croissance démographique rapide créé un terreau favorable à la xénophobie et aux politiques répressives en matière d’immigration.

La salle était rempli d’habitants du quartier, de représentants de la société civile guyannaise et de militants en route pour le Forum Social Mondial de Belem

Ainsi la politique du chiffre chère au Président Sarkozy se retrouve ici avec 10094 reconduites à la frontière en 2007 et 8085 en 2008. Cette diminution a été essentiellement due au Centre de Rétention de Cayenne qu’il a fallut adapter à de nouvelles normes. Les fleuves Maroni et Oyapock qui bordent ce territoire frontalier du Brésil et du Surinam constituent des passoires rendant pratiquement innopérente toute politique de contrôle des flux migratoires. Celle-ci repose notamment sur des lois d’exceptions qui consistent à faire des citoyens guyanais des personnes dont on peut contrôler l’identité à chaque instant et en tout lieu, à nier les droits de la défense pour les personnes appréhendés pour séjour irrégulier... On arrive à un déploiement de moyens relativement inéfficace pour des personnes qui aussitôt expulsées aux frontières n’auront aucune difficulté à revenir sur le territoire. Une des conséquences principales des mesures répressives est de compliquer à l’extrême des personnes étrangères qui aspirent à vivre régulièrement et dignement sur le territoire de la Guyane. Les différents intervenants de cette rencontre se sont accordés pour dire qu’il était nécessaire d’avoir une vraie politique d’accueil des migrants respectant les droits et les dignités des personnes notamùent en proposant la création d’un Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile et la mise en place d’une mission OFPRA en Guyane.

Un "sans papier" colombien évoquant sa situation

Danielle Mitterrand a souligné la crise de la démocratie que nous traversons et la nécessité de reconsidérer la richesse pour créer les conditions d’un vrai choix de société qui donne la possibilité de vivre dignement. Des habitants "sans papiers vivants dans ce quartier ont témoigné de leur conditions de vie ne leur permettant pas d’avoir accés à l’eau potable ou à l’électricité malgré leur demande à la municipalité et leur difficultés pour leurs procédures administratives auprè de la Préfecture.

Dans cette réunion il a été questions de beaucoup d’autres thèmes en lien avec la problématique tel que le droit d’accés à l’eau. Philippe Meynart secrétaire régional des Verts, au dela du problème de l’orpaillage dont sont victimes les amérindiens dans le sud de la Guyane, a évoqué la question de la pollution de l’eau par la radioactivité dont sont victimes les monghs du côté de Jawoué. Ces diverses pollutions aggravent les conditions sanitaires des populations les plus fragilisées qu’elles soient autochtones ou migrantes.

Emmanuel Laffont (Evèque de Cayenne) a repris la pensée de Desmond Tutu "Les blancs seront libres quand les noirs le seront" pour justifier le combat à mener contre les institutions qui ne respectent pas le droit.

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