L’Afrique noire est-elle maudite ? Conférence débat avec Moussa Konaté

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Moussa Konaté sur le stand de la Maison des Droits de l’Homme à Lire à Limoges avec Yvette Guyonie de la librairie Chantepage

Une conférence-débat se tiendra à Limoges le 4 mai 2011 à 20h30 salle Jean Pierre Timbaud avec Moussa Konaté sur le thème "L’Afrique dans la mondialisation quel avenir ?"

Dans le cadre de "Lire à Limoges" qui se déroulait au champ de Juillet du 1er au 3 avril 2011, la Maison des Droits de l’Homme a invité l’écrivain malien Moussa Konaté. Son dernier ouvrage « L’Afrique noire est-elle maudite ? » a été publié en 2010 aux éditions Fayard et apporte une analyse pertinente du fonctionnement des sociétés africaines et un espoir sur les ressorts qui sont contenus en elles. Il a été pour la première fois en résidence d’écriture à Limoges en 1990 en lien avec le Festival des Francophonies, il a créé au Mali les éditions du « figuier » et s’implique dans l’organisation du festival « Etonnants voyageurs ».

Qu’est ce qui vous a incité à devenir écrivain ?

Moussa Konaté : Quand j’avais neuf ans, j’ai eu l’occasion de lire les histoires de Tintin ce qui m’a incité à écrire. Mon premier roman s’appelle « le prix de l’âme » car au Mali l’institution coloniale exigeait pour toutes les âmes y compris les « colonisés » de devoir payer l’impôt. Depuis, je me suis toujours intéressé aux questions sociales et à ce qui est facteur d’inégalité. Au moment de l’indépendance le pays s’est engagé sur la voie du socialisme. A l’époque, dans les écoles, c’est la lutte des classes qui nous était enseignée. J’ai bien aimé cette période où l’argent ne représentait pas grand chose à côté d’une exigence qui était celle d’être solidaire. Depuis, il y a eu au Mali le coup d’Etat militaire de 1968, les plans d’ajustements structurels de la Banque Mondiale ou du FMI et on est entré dans un capitalisme sauvage.

Qu’est ce qui vous a amené à écrire votre dernier ouvrage « L’Afrique noire est-elle maudite ? »

Moussa Konaté : C’est quand même curieux de voir qu’un continent comme l’Afrique connaisse d’aussi grandes difficultés malgré des richesses telles que disposer de 30% des ressources minières mondiales, une population très jeune et une présence aussi importante du soleil qui représente l’énergie du futur. Mon livre s’intéresse aux mécanismes qui font que l’Afrique malgré cela n’arrive pas à se développer

Que pensez-vous du mouvement actuel des révolutions qui s’est développé à partir de la Tunisie ?

Moussa Konaté : C’est une situation qui peut déboucher sur tout et son contraire. Le désir de liberté est dans chaque individu et c’est déjà un premier pas en soi pour les peuples opprimés de pouvoir se révolter. il reste à savoir où les processus en cours vont les mener. Est-ce que ces mouvements sont portés par un idéal ? Où risquent-ils d’être récupérés par d’autres causes moins nobles ?

Que pensez-vous de la situation que connait l’Afrique de l’Ouest comme ce qui se passe en Côte d’Ivoire ou au Burkina Faso. Les mouvements sociaux présents au Forum Social Mondial de Dakar exprimaient un espoir et une aspiration forte à la démocratie et à la défense des droits de l’Homme ?

Moussa Konaté : Pour l’ensemble des pays de la région la situation est tendue. A tout moment, des formes d’insurrections peuvent se déclencher avec un risque de violence sans qu’elles ne trouvent forcément un débouché politique. Depuis très longtemps, la colonisation a nié aux africains ce droit à la démocratie et aux droits de l’Homme qui sont inhérents à la propriété de la personne. Ce phénomène a aussi perduré après la décolonisation avec les régimes en place. La démocratie n’est toutefois pas une fin en soi. Il serait aussi regrettable que les peuples qui se libèrent, adoptent le modèle occidental. A l’heure où l’occident s’interroge sur le bienfondé de son propre système, il est important que les africains puissent trouver les moyens d’inventer leurs propres sociétés.
Même si la valeur de solidarité s’est beaucoup affaiblie ces derniers temps en Afrique, il en existe encore des restes très importants. Cependant, il faut que nous remettions en cause la façon dont nos sociétés écrasent les individus du poids du groupe, de la communauté. Il faut que nous trouvions nous même de nouvelles formes d’organisation pour que les individus puissent s’épanouir sans aller jusqu’à l’individualisme.

Propos recueillis par Guillaume Bertrand.

 Voir aussi sa biographie sur le site des Francophonies en Limousin.

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