Limoges : L’action symbolique des orangs-outans

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Samedi 9 mai 2009, les Amis de la Terre du Limousin organisaient une journée d’action pour dénoncer l’ampleur de la déforestation dans le monde et désigner certaines enseignes de bricolage comme Bricorama ou Castorama qui participent à ce processus en commercialisant des bois exotiques.

La journée s’est déroulée en deux temps :

L’action a débuté chez Bricorama, cette chaine que les Amis de la Terre dénoncent pour importer notamment du "Teck" de Birmanie, ce que l’Union Européenne interdit.

- Dans l’après midi des "orangs-outans" ont symboliquement envahi les rayons de Bricorama à Limoges et de Castorama à Feytiat. Il s’agissait d’attirer l’attention des consommateurs sur la gravité de l’importation des bois exotiques et les menaces que la déforestation à Bornéo fait peser sur l’avenir des orangs-outans.

- En soirée la projection du film "Green" de Patrick Rouxel suivie d’une intervention d’Emmanuelle Grundmann* primatologue et journaliste scientifique au café le bout du monde à Limoges permettait au public de se faire une idée sur la gravité du problème.

Chaque année 13 millions d’hectares de forêts disparaissent dans le monde. L’exploitation industrielle du bois est une cause majeure de la déforestation, entrainant une érosion de la biodiversité, un appauvrissement des populations qui dépendent de la forêt et une accélération des changements climatiques.

Cet orang-outan semble avoir retrouvé sa forêt en sautant sur ce tas de bois exotiques exposés chez Castorama à Feytiat

Emmanuelle Grundmann ,en retour de mission d’Asie, a particulièrement pointé la situation dramatique qui perdure en Indonésie et notamment sur l’ile de Bornéo. On peut désormais considérer que la forêt y est détruite à 80%, les orangs-outans menacés de disparition sont obligés de plus en plus de gagner les secteurs les plus escarpés de l’Ile encore relativement épargnés. Les Dayak, peuple autochtone vivant à Bornéo, sont progressivement chassés des terres. Le parc naturel national risque bientôt de perdre un tiers de sa surface, victime de l’appétit des riches exploitants. Tout ce processus est mis en oeuvre au profit d’une mafia locale vivant de l’exploitation de la forêt, par le développement d’une monoculture qui permet de produire l’huile de palme. On assiste à une terrible politique d’appauvrissement des sols et de disparition des espèces. Dans un pays, profondément marqué par la dictature de Suharto, les travailleurs sont payés moins d’un euro par jour, les syndicats n’existent pas et la collusion entre les exploitants et les pouvoirs politiques locaux est grande.

Malgré ce tableau catastrophique, l’Europe continue d’importer massivement du bois de divers pays qui ne respectent ni les droits des populations et ni l’environnement, elle cautionne des politiques qui consistent à importer de l’huile de palme que l’on retrouve dans un très grand nombre de produits alimentaires et dans les biocarburants. Il faut notamment dénoncer cette politique de l’Union Européenne qui, en décidant d’importer plus d’agro-carburants, ne contribue pas à lutter contre le changement climatique, aggrave les menaces sur la biodiversité, déstabilise les populations du sud en matière de sécurité alimentaire.

Cette journée a été l’occasion d’informer le public sur la provenance de certains bois exotiques.

Sylvain Angerand, chargé de campagne sur les "Forêts tropicales" aux Amis de la Terre France a présenté le nouveau site www.ecolo-bois.org qui informe le public sur les magasins français qui continuent de regorger de salons de jardin, parquets ou menuiseries issus du pillage des dernières forêts tropicales ou boréales. Il s’agit de désigner les pratiques de ces enseignes comme irresponsables et encourager les alternatives au bois exotique.

*Elle est l’auteur du livre "Ces forêts qu’on assassine" - Editions Calmann Lévy.

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