Robert Savy - Président du Conseil Régional du Limousin jusqu’en 2004
Quelles ont été vos motivations et celle de la Région Limousin pour s’engager dans un tel partenariat ?
Robert Savy : Il y avait un intérêt partagé de beaucoup de collectivités en France pour la coopération décentralisée et une envie de goûter à ces formes d’actions. Notre choix s’est porté sur le Burkina Faso car nous avions choisi d’aider un partenaire africain en grand retard de développement. Si le choix s’est porté sur la Province de l’Oubritenga, cela correspondait à l’époque à une volonté en tant qu’institution de s’appuyer sur une initiative déjà existante de la société civile pour rendre plus crédible notre engagement. Guy Courbarien chirurgien à Saint Junien et responsable de l’Association Burkina 87, que j’avais connu en classe de 6ème au lycée Gay Lussac, nous a convaincus par l’amour qu’il éprouvait pour ce territoire. Son engagement découlait d’ailleurs d’une rencontre qui avait eu lieu avec une troupe accueillie à Saint Junien dans le cadre du Festival des francophonies par des habitants qui se sont ensuite engagés dans l’association Burkina 87.
Avec le recul, quel regard portez vous sur les actions qui ont été engagées ?
Robert Savy : Historiquement, le Limousin est une région repliée sur elle même et qui connaît mal le monde extérieur. Dés que j’ai eu des responsabilités, je me suis dit que les limousins devaient sortir et voir ailleurs. J’ai amené l’institution régionale à adhérer à des associations européennes et s’engager dans des partenariats de coopération. Il fallait ouvrir le Limousin aussi bien vers le monde développé que vers celui en retard de développement. Il y avait des questions importantes comme celle de la gestion de l’eau. Il était également intéressant pour une région comme la notre où les lycées agricoles ne sont pas clairement orientés vers l’agriculture productiviste mais vers l’agriculture paysanne de travailler sur des actions de coopération avec le Burkina Faso.
Après ces expériences que pensez vous de ce que doivent devenir les actions de coopération ?
Robert Savy : Depuis 10 ans que je suis retiré des affaires publiques, il est pour moi difficile de répondre à cette question. Elle soulève la question de l’évaluation des politiques publiques et des actions qui ont pu être menées dans ce cadre. Il était plus efficace pour soutenir les populations que l’aide soit venue d’une région française plutôt que de l’Etat. Je crois en une certaine efficacité qui repose sur la pluralité des intervenants et les micro-interventions. Je pense qu’il faut aussi avoir beaucoup d’humilité dans l’action.
L’Afrique est à la fois le continent le plus riche avec le contenu de son sous sol et en même temps le plus exploité par les puissances industrielles. Après avoir raté la colonisation, nous avons raté la décolonisation. Il y a quelques images du Burkina Faso qui restent à mes yeux très contrastées comme celle du palais présidentiel somptueux avec des animaux dans les parcs et cette autre réalité qui est celle d’une assistante sociale burkinabé qui voyait chez elle mourir des enfants.
Cependant, il faut savoir rester humble face à une réalité socio-politique qui n’est pas la notre. Les solutions ne seront pas à trouver chez nous. Ce sont les burkinabé qui les détiennent.
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