La quatrième édition du Forum Mondial des Médias Libres (FMML) s’est ouverte ce dimanche 22 mars à Tunis sur le Campus El Manar avec deux jours d’avance sur le Forum Social Mondial et devrait s’achever samedi 28 mars par l’adoption d’une charte mondiale des médias libres. Celle-ci a pour but de remettre la question du droit à l’information au cœur du débat politique.
Il s’agit en premier lieu de libérer l’information du contrôle que les pouvoirs politiques et économiques peuvent être tentés d’exercer partout dans le monde. Cependant, bon nombre de participants ont souligné l’importance que cette information fasse aussi partie des biens communs dans la mesure où celle ci sert l’intérêt général en contribuant à la défense des droits humains, au renforcement du dialogue entre les peuples et en étant porteuse de transformations sociales et écologiques.
Roberto Savio, fondateur et président émérite d’Inter Press Service a souligné le déclin que subit la presse commerciale avec la concentration des médias s’accompagnant de la chute de la lecture. Il a pointé la responsabilité des écoles de journalistes qui aujourd’hui forment plus les jeunes recrues à faire des articles pour vendre le journal que de faire véritablement leur métier. L’enjeu est bien celui d’amener les citoyens à comprendre les processus et la complexité du monde plutôt que de se réduire à une recherche d’informations sensationnelles. Il a dénoncé une profession qui, à travers le monde, s’est mise au service des gouvernements et des grandes corporations. Les journalistes ont de moins en moins le temps de faire autre chose que de digérer les communiqués et les dossiers de presse qui leurs sont servis. Les journaux ont de moins en moins la capacité d’avoir des correspondants à travers le monde d’où une standardisation de l’information qui repose sur des grandes agences de presse comme l’AFP, Reuters ou l’Associated Press. La responsabilité du journaliste est en premier lieu de savoir voir, de mettre les choses en ordre et de savoir écrire. C’est autant de questions que doit se poser tout individu qui veut produire une information de qualité.
L’information : Au service de quoi ?
Après l’attaque terroriste qui s’est déroulée au musée du Bardo, le débat ne devait pas éluder le problème de certaines informations qui, à travers le web, peuvent constituer une menace pour la démocratie et la paix dans le monde. Il y a des informations produites qui peuvent servir le dessin politique de certains individus au détriment d’ autres par le jeu de la désinformation, de la manipulation ou de la recherche d’emprise sur les personnes. Parmi les exemples les plus spectaculaires, il y eu ceux des appels aux meurtres de masses lancés à la radio qui avaient contribué au génocide du Rwanda en 1994.
Cela soulève la question de l’information qui doit être au service d’un projet de société et de certaines valeurs. Un des principaux enjeux d’aujourd’hui est la question des messages que doivent porter les nouveaux médias (blogs, réseaux sociaux, radios communautaires…). L’élaboration de la charte mondiale des médias libres est une façon de reposer le projet politique d’une information au service de la société en général et basée sur une vision d’un monde socialement et écologiquement plus juste.
Un autre sujet important débattu durant ces deux premiers jours est que le concept de médias libres ne doit pas se confiner aux nouveaux médias portés par la société civile. Il y a un travail à faire d’éducation populaire pour éveiller à l’analyse critique des médias en direction du grand public comme le fait un site comme Acrimed. Il y aussi une alliance stratégique à opérer avec tous les professionnels de l’information, qui dans les médias traditionnels, militent pour une information libre et diversifiée.
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