Du 23 au 27 août 2023, la dernière Université d’Eté des Mouvements Sociaux et des Solidarités a réuni plus de 2000 personnes à Bobigny en Seine Saint-Denis dans la quasi indifférence des grands médias comme si le travail des associations ou des mouvements sociaux devait être invisibilisé.
Lors de cette université d’été le climat social que l’on connaît en France a pesé lourd dans les débats :
La mobilisation contre la réforme des retraites était dans tous les esprits avec l’expression d’une certaine amertume de ne pas avoir su faire reculer le gouvernement mais avec l’envie de fructifier de la dynamique des mobilisations précédentes pour continuer la lutte. La question des territoires et des quartiers discriminés a été aussi un important sujet de discussions : Comment construire les mobilisations contre le racisme systémique et les violences policières... qui sont le résultat de politiques publiques qui mettent à mal le service public. La préparation des jeux olympiques qui se fait à l’encontre d’habitants a été abordéeIl y a des expulsions parmi la population la plus modeste, reléguant loin de la capitale ces habitants que l’on ne saurait voir ici tels que les migrants ou les personnes sans domicile fixe. L’autre inquiétude est celle du processus de gentrification engendré par l’augmentation des coûts des loyers éloignant toujours plus les populations les moins favorisées du centre de Paris. Sur le chapitre environnemental on peut évoquer l’arrivée de la Caravane de l’eau à Paris qui était partie de Sainte-Soline quelques jours auparavant et dont quelques représentants sont intervenus sur la dernière journée de l’université pour évoquer cet enjeu qui se traduit de plus en plus comme une bataille autour de l’eau entre les riches entrepreneurs, les petits paysans et le reste de la population.
Sur le plan des enjeux internationaux, les discussions ont été beaucoup nourries en premier lieu par ce qui se passe en Afrique de l’Ouest avec la relance du processus de décolonisation et la démultiplication des coups d’Etats.
Les partenaires issus de cette région ont pas mal évoqué le comportant arrogant du président Macron lorsqu’il interpelle notamment les chefs d’États du G5 Sahel sur la mort des soldats français en les sommant de s’expliquer sans que lui ni les médias français n’aient une expression suffisante pour les nombreuses victimes de ces pays africains là aussi invisibilisées. Ils considèrent aussi que le gouvernement français a perdu toute crédibilité quand il prétend faire la leçon en matière de démocratie aux pays du sud. Le deux poids, deux mesures est pointé quand la France soutient des autocrates comme au Tchad ou au Gabon tout cela pour défendre les intérêts de la France alors qu’elle sanctionne sans hésiter les pouvoirs dans d’autres pays. Les opinions publiques ne supportent plus que l’aide au développement de la France soit soumise à des conditions qui portent atteinte à la souveraineté des gouvernements africains tels que des régimes fiscaux avantageux pour les entreprises françaises, la sous traitance contrainte de la gestion des flux migratoires, la détérioration des services publics liés aux économies imposées pour le désendettement de ces pays… Dans cette Université d’été le CRID avait invité plus d’une cinquantaine de partenaires internationaux de tous les continents, ce qui a permis de réfléchir sur la manière dont on doit reconstruire un nouvel internationalisme qui intègre cette nouvelle phase de la décolonisation, la crise structurelle actuelle du capitalisme, dans un contexte où les grands équilibres écologiques sont particulièrement menacés.
Une délégation importante de la MDH
Cette année la MDH avait constitué une importante délégation composée de quatre salariés, cinq représentants des quartiers (Beaubreuil et de la Bastide) avec la présence de trois partenaires internationaux tels que Hamado Simporé Président du Réseau Zoodo Action Solidarité au Burkina Faso, Mariela Toyane, cheffe amérindienne de sa communauté en Argentine et Sébastien Gerlic, Président de l’ONG Thydewa au Brésil et qui travaille en lien avec différentes communautés indigènes du Brésil. A lire l’article détaillé sur celle-ci
La séance de clôture a permis de dresser un calendrier pour les prochaines mobilisations sur le plan national et international :
En France
– 23 septembre : Journée de mobilisation nationale contre le racisme systémique et les violences policières
– 13 octobre : Journée intersyndicale pour l’augmentation des salaires, contre la réforme des retraites et contre l’austérité
En France et dans le monde :
– Du 9 au 15 octobre : Mobilisation contre la Banque Mondiale et le FMI contre les politiques extractivistes à l’occasion de l’Assemblée Générale de la Banque Mondiale à Marrakech.
– 10 décembre : Grande journée de mobilisation mondiale pour la justice climatique en marge de la COP qui se tiendra au Pakistan
– Du 19 au 25 février : Forum Social Mondial de Katmandou