Les dernières élections municipales qui se sont tenues au Burkina Faso dimanche 22 mai consacrent une nouvelle fois la victoire du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) qui a remporté près de 60% des sièges (Près de 11000 sièges sur les 19000 à répartir) et la plupart des grandes villes du pays dont Ouagadougou et Bobo Dioulasso.
Un taux d’abstention record pour des élections municipales
Le taux d’abstention record pour ce type d’élections qui a dépassé les 50% du corps électoral laisse à penser pour certains observateurs que nous serions déjà entré dans une phase de désillusion des électeurs, quelques mois seulement après l’élection de Roch Marc Christan Kaboré à la Présidence du Burkina Faso et l’installation du MPP au gouvernement. Le contexte s’avère difficile pour des populations qui font face à la vie chère, une situation économique qui peine à se redresser et avec l’aggravation du risque terroriste qui impacte lui aussi l’économie.
Un vrai recul pour l’ancien parti de Blaise Compaoré
La deuxième place est occupée par l’Union pour le Progrès et le Changement (il était déjà à l’époque du régime de Blaise Compaoré le principal parti d’opposition) qui remporte un peu plus de 15% des sièges. Vient ensuite le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (le parti proche de Blaise Compaoré) qui finalement ne résiste pas si bien que cela y compris dans les zones rurales au changement en ne conservant que 10% des sièges alors qu’avant les évènements, il détenait presque l’ensemble des communes du pays.
Des incidents ont toutefois provoqué l’annulation du scrutin dans quatre communes qui devront revoter ultérieurement souvent à la suite de l’invalidation de listes de candidats. Ainsi des actes de violences se sont produits pour empêcher les électeurs d’aller voter ou les bureaux de vote de pouvoir ouvrir. Ce même type d’incidents s’est produit sur la commune de Dapélogo dans la province de l’Oubritenga sans provoquer l’annulation du scrutin. De façon un peu fâcheuse les listes déposées par le CDP et le MPP comportaient un certain nombre de candidats identiques, elles ont finalement été invalidés. Seule restait en lice la liste de l’UPC. Le jour du vote des incidents se sont produits de la part de personnes qui ne souhaitaient pas voir l’élection de l’UPC en empêchant l’ouverture d’un quart des bureaux de votes. La Commission Electorale Nationale Indépendante parviendra finalement à maintenir la tenue de l’élection avec moins de 20% de suffrages exprimés par rapport au corps électoral qui se sont portés sur l’unique liste de l’UPC.
Des changements politiques notables dans la Région du Plateau Central
Il est particulièrement intéressant de se pencher sur la Région du Plateau Central, dans l’ancien fief de Blaise Compaoré et aussi engagée dans un partenariat de coopération avec l’ancienne Région du Limousin :
En ce qui concerne la province de l’Oubritenga, le CDP l’emporte finalement sur deux fiefs historiques que sont les communes de Ziniaré et Zitenga alors que le MPP confirme son succès dans quatre communes que sont Loumbila, Nagreongo, Absouya et Ourgou Manéga (même si les résultats sont plus resserrés dans les deux derniers cas). A Dapélogo, pour les raisons évoquées plus haut c’est l’UPC qui l’emporte.
Dans les deux autres provinces le MPP et ses alliés gagnent encore plus nettement laissant présager que le Conseil Régional du Plateau Central désigné par les élus municipaux reviendra au MPP. Dans le Ganzourgou, le MPP fait carton plein en remportant l’ensemble des communes. Dans la province du Kourwéogo c’est aussi la même situation qui prédomine même si à Boussé le contexte est plus flou avec le MPP et l’Autre Burkina/PSR qui obtiennent le même nombre de sièges et que le rôle d’arbitre reviendra au parti d’obédience sankariste "UNIR/PS" pour les départager.
A Pabré (commune en partenariat avec la Ville de Limoges) située proche de Ouagadougou mais en dehors de la Région du Plateau Central, le CDP semble l’emporter en devançant seulement de deux sièges la liste du MPP.
Qu’en sera t’il de la poursuite des actions en matière de coopération ?
C’est l’Ambassadeur de France à Ouagadougou Gilles Thibault qui a souligné lors de sa visite à la Présidence du Faso le 24 mai 2016 l’importance des coopérations qui se sont développées entre les communes françaises et celles du Burkina Faso (les deuxièmes pour leur importance après celles établies avec le Sénégal) et qui représentent aussi un poids économique pour le développement des territoires bénéficiaires.
Cette période de transition de presque deux ans a laissé en suspend un certain nombre de coopérations. En France le contexte a aussi nettement évolué avec des changements politiques qui sont intervenus dans certaines collectivités locales et aussi à travers la réforme territoriale faisant émerger de nouvelles régions et de nouvelles communautés de communes. Les équipes municipales nouvellement élues au Burkina Faso ont donc du pain sur la planche pour faire redémarrer et perdurer des partenariats dans un contexte où les citoyens au sud comme au nord sont de plus en plus exigeants pour en attendre des retombées positives.
Pour aller plus loin :
– Le site de la Commission Electorale Nationale Indépendante pour retrouver tous les résultats
– L’article du site Fasonet du 24 mai revenant sur les résultats électoraux